Dans ce bref essai polémique, nourri par une solide expérience d’intervenant en prison, Nicolas Frize en fait la démonstration implacable : plus le motif du « sens de la peine » envahit le discours des hommes politiques et des représentants de l’institution judiciaire et pénitentiaire, moins ce sens apparaît dans la réalité de l’exécution des sanctions pénales. En un temps où prévalent les approches sécuritaires des crimes et délits et de toutes les formes de « déviance », et où l’emportent les pratiques répressives, le sens de la peine, tel que le condamné est supposé se l’approprier, est tout entier capté par le désir de vengeance des victimes et l’intention d’intimidation de l’autorité. L’injonction : « Donne un sens à ta peine ! » est aussitôt recouverte par cette autre : « Entre dans notre monde coercitif, soumets-toi aveuglément aux règles disciplinaires du jeu judiciaire et de l’institution pénitentiaire. »
En 2000, l’ouvrage de Véronique Vasseur Médecin-chef à la prison de la Santé jetait une lumière crue sur les conditions vétustes vécues par les détenus et les personnels chargés de les encadrer. Depuis, les rapports parlementaires que la parution de ce livre a déclenchés semblent ne devoir conduire qu’à l’édification de nouveaux centres de détention pour parer au plus pressé : l’augmentation continuelle du nombre de prisonniers.
La question du sens donné aux peines de prison n’est quant à elle nullement abordée, alors que pénalisation et surpénalisation sont les principaux instruments d’un gouvernement élu sur fond de dramatisation sensationnelle de l’insécurité. S’agit-il seulement d’enfermer toujours plus et toujours plus longtemps ? Dans le présent essai, Nicolas Frize questionne avant tout l’utilité même d’un enfermement qui échoue manifestement dans son rôle de régulation et de pacification sociale. Le sens de la peine, tel que le prisonnier est supposé le comprendre et se l’approprier, est tout entier capté par le désir de vengeance des victimes et l’intention d’intimidation de l’autorité.
Nicolas Frize est musicien et compositeur. Il est responsable de la Commission prison de la Ligue des droits de l’homme. Le Sens de la peine est son premier livre.
Ouvrage préfacé par Madeleine Rebérioux. historienne, spécialiste de Jean Jaurès et du socialisme, grande figure morale du XXe siècle, disparue le 7 février 2005.
Dans la presse :
« Il serait dommage que le silence accompagne la sortie de ce bref essai, polémique autant que dérangeant, qui renvoie chacun d’entre nous à ses devoirs de réflexion sur la prison comme unique traduction dans la réalité de la peine une fois prononcée. » Bruno Rochette, Le Monde Diplomatique