Pour sa première édition « papier », CENTQUATREVUE réunit une sélection de travaux théoriques et artistiques autour des réflexions sur la spatialité qu’elle a initiées dans sa forme électronique : Que fait l’espace aux corps qui le traversent, l’habitent, l’éprouvent ? Quels effets l’architecture concrète – des villes ou d’un passage urbain devenant lieu de création – peut-elle avoir sur l’agencement mental des passants dans leur réception du réel ou de l’art ? Comment la spatialité opérante ou opérée produit-elle des événements de pensée et des avènements d’expressions de diverses formes ?
Entretenir une démarche de réflexion et d’analyse critique non plus seulement dans l’espace idéel du livre mais dans un lieu consacré à la diversité des pratiques artistiques contemporaines produit immédiatement de telles questions pour qui s’y laisse tenter. La revue prolonge donc l’événement de sa résidence au sein de l’établissement artistique CENTQUATRE en faisant de ces interrogations sa première matière de travail, le premier terrain de recherches sur lequel elle invite un ensemble d’auteurs et d’artistes qui, chacun en son endroit et dans une modalité propre, en sont déjà les familiers. Un philosophe américain, un architecte londonien, un cinéaste français ou encore un géocriticien nomade… se rencontrent ici, de manière indirecte et pourtant incroyablement tenue, et donnent à une même problématique de départ son existence à formats multiples et en infinies variations. L’incarnation papier prend donc la forme d’un collectif de pensées transmises par des médias différents montrant que la réflexion et son expression sont tout autant affaire de mots que d’images fixes, en mouvements, interactives…
Sous ce visage, CENTQUATREVUE en rejoint un autre qui l’a inspirée, l’accompagne à présent et lui donnera ses suites : celui d’Aby Warburg, génial historien de l’art allemand et « fil rouge » de cette publication qui, à chaque parution, en proposera des traductions inédites. La méthode d’analyse de ce dernier brisait les barrières disciplinaires et temporelles dans sa traque effrénée des motifs profonds de notre culture et de notre expérience esthétique à nous, sujets incarnés qui multiplions et faisons se succéder les expériences du voir et du sentir. Si le CENTQUATRE, dans son désir de faire se côtoyer des disciplines et des démarches différentes, matérialise une partie du rêve warburgien, la revue le parachève d’autant mieux qu’elle s’offre comme une surface d’inscription où peut se rendre visible ce qui, entre et à travers ces spécificités singulières, trace un certain « mouvement » artistique en devenir.
C’est bien cette synthèse proche de la pure expérience de lecture qui se trouve incarnée dans la présente livraison assurée par les cinéastes Nicolas Klotz et Elisabeth Perceval. Le collectif (de personnes et de formes) est ressaisi par la singularité d’un savoir – ici celui du montage – afin d’ouvrir un nouvel espace d’échange et de partage des pratiques où chacun est convoqué dans sa propre expérience de sujet culturel.
Occasion d’un dialogue renouvelé, d’une communication engagée : tout ce joue dans l’entre… Intersubjectif, intertemporel, interdisciplinaire et enfin international : la revue publiera chacun des travaux dans la langue d’origine de sa rédaction ainsi que dans sa traduction française ou anglaise (selon les cas).
Avec les textes et/ou images de : Michael Ackerman, Fleur Albert, Ayssar Arida, Daniel Bensaïd, Stéphane Bouquet, Giuliana Bruno, Laure Cahen-Maurel, Robert Cantarella, Christian Caujolle, Pierre Creton, Georges Didi-Huberman, Mathilde Girard, Nicolas Klotz, Lech Kowalski, Christophe Lamiot Enos, Camille Louis, Jean-Luc Nancy, Cyril Neyrat, Élisabeth Perceval, Cécile Renault
Laurent Roth, Aby Warburg
Direction :
Camille Louis et Robert Cantarella
Rédacteurs en chef invités :
Nicolas Klotz et Élisabeth Perceval