En invitant Vertigo à accompagner la programmation "Japon" de l’édition 2008, le Festival d’Automne a offert à la revue la possibilité d’accentuer une évolution esquissée depuis quelques numéros : élargir notre champ de recherche et d’écriture au-delà du cinéma. Fil d’Ariane ou basse continue, celui-ci nous oriente vers des territoires nouveaux. Rapprocher le lointain sans le réduire au proche, c’est depuis l’origine l’esprit du Festival d’Automne, ce pourrait être celui de toute revue d’esthétique. Invités au voyage, nous avons cherché les correspondances, les accords qui tracent un chemin dans la programmation pointue et exigeante du festival. Nous y avons trouvé les signes d’un Japon hanté par son passé, comme doublé par le murmure intempestif d’une catastrophe sans fin. De jeunes artistes, insoumis mais soucieux d’héritages, regardent ce Japon en face, empoignent son présent, remuent son passé et tentent de lui inventer un futur, dans une peu commune liberté à l’égard des disciplines et des étiquettes.
Ce Festival d’Automne, ce Japon, ont conduit les deux lignes, de force et de hasard, que ce numéro veut entrelacer. La première parie que les accords spontanés entre artistes, œuvres et textes, tracent les pointillés d’une image du Japon aujourd’hui. Une image moirée, nette et changeant à la fois, à la Roland Barthes. La seconde ligne relie des œuvres et des pratiques qui, chacune à leur manière, expérimentent l’hybridation ou la hantise réciproque des arts. Entre la danse, la littérature, le cinéma, la musique, le théâtre, la littérature, etc.
Enfin, ce numéro saisit l’occasion de l’exceptionnelle rétrospective de l’œuvre de Shinji Aoyama, organisée par le Jeu de Paume dans le cadre du Festival d’Automne, pour consacrer à ce cinéaste encore méconnu en France un dossier d’une ampleur inédite. Le festival et la revue ne pouvaient mieux s’accorder : soucieux du présent de son pays et de son art, d’en repousser sans cesse les limites, Aoyama travaille au cœur du cinéma en l’ouvrant à la danse, à la littérature, à la musique. Il est temps de lui témoigner, en France, l’attention et la passion qu’il mérite.

Sommaire

- Le Japon au Festival d’Automne
Entretien avec Alain Crombecque, Marie Collin et Joséphine Markowitz

ICI COMMENCE UN VOYAGE...
- L’ouïe film de Toru Takemitsu
PHILIPPE FAUVEL
- Dans le silence d’Hosokawa
RODOLPHE BRUNEAU-BOULMIER
- Hosotan
BERNARDD REMY
- « on voit presque un fantôme de danseuse en elle »
Entretien avec Boris Charmatz

BUTO
- Un nouveau jour
BERNARD REMY
- « Aller au centre de ce qui te meut »
Claudio Pazienza
Catherine Ermakoff
- Les horreurs des hommes malformés. Tatsumi Hijikata, acteur
STEPHANE DU MESNILDOT
- En prison ! (extraits)
TATSUMI HIJIKATA

LE JAPON ET SON DOUBLE
- Partenaires particuliers
Les solos de Hiroaki Umeda. Autour de Duo (2007)
FABIENNE COSTA
- Ryoji Ikeda, la substance du son
SYLVAIN CHAUVEAU
- Roofbed
Shuhei Endo et la péniche Louis-Catherine
PHILIPPE FAUVEL
- « Il y a, comme il pleut ou il fait chaud » Notes sur le cinéma de Hirokazu Kore-(2007)
CATHERINE ERMAKOFF
- Histoires de familles, histoire de fantômes. Tokyo Sonata, Kiyoshi Kurosawa, 2008
DIANE ARNAUD
- Toshiki Okada : rejouer / déjouer le présent
CAMILLE LOUIS
- La langue des images
ROBERT CANTARELLA
- Préserver la force de la "faiblesse". Rencontre avec Nobuhiro Suwa et Toshiki Okada

SHINJI AOYAMA
- Le cinéma est bien entendu un processus de démolition, mais...
La vie et le cinéma de Shinji Aoyama
JUN FUJITA
- En état de survie
Entretien avec Shinji Aoyama
- Plein Coeur
Eureka (Shinji Aoyama, 2000)
FLORENT GUEZENGAR
- Sad / Vacation
CYRIL BEGHIN
- La mort en ce berceau
Desert Moon,le générique (Shnji Aoyama, 2001)
FLORENT GUEZENGAR
- A playlist for Shinji
PHILIPPE AZOURY
- « La musique les yeux fermés »
Autour de AA (Shinji Aoyama 2006)
- Dans un monde où la critique tend à disparaître...
Conversation entre Shinji Aoyama et Shiguehiko Hasumi
- Le spectacle , le lyrisme de l’étrangeté de l’homme
Conversation entre Shinji Carte blanche à Shinji Aoyama
- Araignée et carapace
Une introduction à la littérature de Shinji Aoyama
TOMOHIRO HIKOE
- Veilleur de nuit
SHINJI AOYAMA