L’annonce par le gouvernement de la hausse de la TVA à taux réduit de 5,5% à 7% a suscité une vive émotion dans tout le monde du livre.
Compte tenu du poids relativement modeste de l’édition dans l’économie française, il est clair que cette mesure ne permettra pas de faire rentrer les milliards que cherche le gouvernement pour faire face à la dette publique et satisfaire aux exigences des marchés financiers.
Mais si l’impact de cette mesure dans les comptes de la nation risque d’être faible, il sera au contraire considérable pour tout le secteur du livre dont l’économie est déjà fragilisée.
Cette hausse de la TVA, sauf à prendre sur les marges déjà faibles des différents acteurs de la chaîne du livre, va provoquer une hausse du prix du livre.
Il est évident que cela ne va pas dans le sens d’une démocratisation de l’accès au livre et à la lecture. Il y a au contraire fort à craindre que cela se traduise par un tassement du marché du livre, voire une nouvelle baisse des ventes et des tirages.
A brève échéance, cela va entraîner des difficultés de trésorerie pour les libraires, et les éditeurs, notamment les éditeurs indépendants qui ne roulent pas sur l’or. Non seulement, nous ne connaissons pas d’éditeur indépendant qui aient récemment pu augmenter son salaire de 170%, mais, en vérité, la plupart d’entre eux ont vu au contraire leurs revenus baisser ces dernières années.
Cette façon de frapper le livre à la caisse, pour renflouer la finance, nous en dit long sur l’attitude des dirigeants actuels à l’égard de la culture et de l’éducation, dont on nous dit par ailleurs que c’est une priorité.
De plus, nous apprenons que dans le même temps, le gouvernement maintient par contre un taux réduit pour le livre numérique ! De qui se moque-t-on ?
On est passé du mépris envers la Princesse de Clèves, au mépris affiché envers tous ceux, auteurs, éditeurs, libraires, qui motivés non par l’appât du gain mais par la passion de la littérature et des idées, continuent envers et contre tout à écrire, publier et présenter des livres.
Mais pour ce qui nous concerne, éditeurs indépendants, nous ne sommes pas un troupeau de moutons qu’on peut mener à l’abattoir. Nous allons agir contre cette mesure. Et notre 9e salon des éditeurs indépendants « l’autre LIVRE », qui se tiendra les 18, 19 et 20 novembre 2011 à l’Espace des Blancs manteaux à Paris, sera l’occasion d’engager publiquement cette action, avec le soutien de nos amis et lecteurs (www.lautrelivre.net).
Francis Combes
Président de l’autre LIVRE,
l’association des éditeurs indépendants