Longtemps les politiques se sont donné des fins positives : l’égalité, la justice, la révolution, etc. Ce temps est lointain. La politique aujourd’hui ne se donne plus d’autre fin que celle qui consiste à tirer bénéfice de la peur. De toutes les peurs. Toutes sont bonnes en effet : des épidémies (le Sras), des bêtes contagieuses (l’encéphalopathie spongiforme), de la route, du tabac, du sexe (le Sida), du terrorisme, des banlieues, etc. C’est-à-dire, toutes sont de nature à justifier les politiques (on ne dit plus : politiques répressives, mais « principe de précaution ») qui prétendent les apaiser. De telles politiques auraient été dites d’extrême droite il y a quelques années encore. Mais plus aujourd’hui. Aujourd’hui, c’est toute politique qui s’est emparé de ce thème dont l’extrême droite s’est toujours nourrie.
Sommaire
Michel Surya, Journal de l’été 2004 (en guise d’éditorial intermittent)
Lydie Salvayre, Pour faire peur à la peur
Alain Brossat, Le sale air de la peur
Daniel Bensaïd, Murs et murailles de la peur
Christiane Vollaire, Modulations politiques et manipulations sécuritaires de la peur
Jean-Paul Curnier, La peur de soi, l’horreur de l’homme
Gaël Jacquot, La politique autruchienne en temps de guerre (Plaidoyer pour l’intolérance)
Henri-Pierre Jeudy, La peur virale
Mathilde Girard, Les attraits métamorphiques des petites peurs
Jean-Paul Dollé, Politique de la peur
Sylvia Klingberg, « Ils ont habitué les ouvriers à avoir la trouille »
Laure Coret-Metzger, Au Rwanda, dix ans après
Djenab Noël, L’inquiétante étrangeté et la peur
Textes réunis par Alain Brossat et Michel Surya
Le retournement du monde
Jean-Loup Amselle, Le retournement du monde (Ou : les enjeux d’une déconstruction de l’Occident)
Directeur : Michel Surya
Comité de rédaction : Fethi Benslama, Alain Brossat, Jean-Paul Curnier, Jean-Luc Nancy, Bernard Noël, Jacqueline Risset, Enzo Traverso