À quoi avons-nous eu et avons-nous affaire avec les « Gilets jaunes » ? À un mouvement social ? Sans conteste. Spectaculaire même. Un incontestable et spectaculaire mouvement social donc, et justifié, on ne peut plus justifié par la situation et par.
Un mouvement social donc, mais pas « politique » a priori puisque lui-même s’est affirmé d’emblée, avec insistance même, comme ne l’étant pas, comme étant « apolitique » – de là l’une des difficultés à l’identifier et à le penser.
Un mouvement « social » et « apolitique » convenons-en puisque lui-même nous demande d’en convenir, lequel n’a pourtant présenté d’emblée que peu de traits d’un mouvement – sociale ou politique – de gauche. La gauche de gauche et l’extrême gauche l’ont certes rallié, et avec ferveur, mais pas toute, et pas sans réticence parfois. Ferveur d’une partie de celles-ci, donc, et inquiétude d’une autre. Il est vrai que des traits constitutifs des mouvements de droite (et de la droite dure) s’y profilent aussi, qui la légitiment.
On l’aura compris, le mouvement divise, il divise Lignes même. Ce numéro se saisit de cette division pour mieux décrire, analyser et penser ce mouvement, autrement dit le moment lui-même où nous nous trouvons.
Recension par Éric Aeschimann dans L’Obs (18/05/2019).