De ce livre qui n’est pas fait pour se laisser prendre facilement, on peut dire, d’abord, qu’il se passe presque de bout en bout dans des « lieux communs » : hôtels, auberges, etc. C’est un signe sûr du mouvement qui anime le livre ; le signe que le narrateur lui-même est en mouvement.
Un mouvement de vrille ou de forage (toujours circulaire) : le mouvement du narrateur est celui d’une enquête. De ce narrateur, on apprendra, dans un premier temps, qu’il s’appelle Hans et qu’il est allemand. Dans un deuxième temps, qu’il ne s’appelle pas moins Jean, et qu’il n’est pas moins français. Cette double identité, qu’il faut entendre comme une incertitude redoublée, renforcée, recèle à peu près tout du mystère qui transpire peu à peu de ce livre.
L’enquête emprunte d’abord la forme policière : il s’agit de dégager une vérité de ce qui se donne d’emblée comme une série de mensonges ou d’ignorances accumulés. Familiaux pour une part, historique, et politique même, pour une autre. C’est là que le livre acquiert l’un de ces principaux centres d’intérêt. Il faudrait tout reprendre alors, et comprendre pourquoi le narrateur prend en filature un vieillard sur le point de mourir et qu’il est lui-même filé parce qu’il file ce vieillard. Si l’on protège ce dernier, c’est qu’il est dépositaire d’une histoire qu’on ne veut pas voir découverte ni révélée.
LA PROCESSION D’ECHTERNACH
En librairie le 1er septembre 2006
Sur le mode de l’enquête policière, La Procession d’Echternach développe une méditation sur l’identité qui articule les petites histoires (familiales) à la grande histoire (celle du siècle dernier).